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Ici on ignorait la formule "vite et bien" et le rendement, tant en qualité qu'en quantité ne résultait que de la conscience professionnelle de chacun.
"Nous savions exactement quelle était la destination du travail que nous produisions car la "fiche-suiveuse" établie par le contremaître comportait toujours le nom du client et son lieu de résidence, Belgique, Hollande, Liban..."
Cet ouvrage collectif réalisé dans un réel esprit d'équipe était très intéressant et pas trop pénible. "C'était du beau et du bon boulot".
Ce travail "fini et bien soigné" offrait des salaires convenables, comparé à ceux pratiqués par d'autres entreprises de la région.
René Bardin se souvient très bien du travail délicat effectué par le tourneur pour fuseler les queues.
Cette phase de mise en forme de l'ouvrage était un exercice d'adresse et de résistance physique. Il faut souligner que, compte tenu de la diversité des essences de bois, les outils devaient être parfaitement affutés. "L'ébène avait le pompon ! Il était très coriace et ça fumait même quelquefois !..."
Afin d'obtenir cette forme fuselée de 1 400 mm de longueur et d'un diamètre moyen de 22 mm, le tourneur, en virtuose, devait pousser l'outil de chariotage de la main et de la cuisse droite, tandis que de la main gauche gantée, il maintenait la canne qui tournait pour qu'elle ne vibre pas. "Il aurait fallu voir ! C'était extrèmement dur. Si vous aviez vu les copeaux s'enrouler ! La télévision FR3 avait filmé ça. Les tours automatiques ne faisaient pas mieux... Au contraire, ils faisaient davantage de pertes !"
Les ouvriers aimaient ce qu'ils produisaient et étaient conscients de réaliser, de temps à autre, une queue de billard exceptionnelle et rare, comme celle offerte à notre illustre voisin de Colombey-les-Deux-Eglises, le général de Gaulle. Mais, par le fait du travail en commun, nul ne pouvait s'attribuer la paternité d'une belle pièce, voire d'une oeuvre d'art.
Il serait futile d'épiloguer sur le déclin de Klein. 1982 fut pour tous les Maranvillois une triste année noire. "Ce fut une grosse déception et même un malheur pour d'aucuns. On ne s'attendait pas à perdre aussi subitement notre entreprise. Alain Penelon qui a eu le réflexe de photographier les ateliers quelques semaines après la fermeture, m'a confié que l'usine donnait l'impression d'être restée figée et comme pétrifiée. Les établis, les outils, semblaient attendre, prêts à être repris en mains. Les pièces de bois dans leurs différents états se languissaient..."
Pots à colle, tours, rabots, machines sont à jamais partis pour d'autres cieux. Mais aussi et surtout, une technique, un savoir-faire de plus d'un siècle et demi est à jamais disparu.
Hiolle avait vécu mais il fallait bien que ceux qui restaient "sur le carreau" survivent. Pré-retraites et reconversions dans les métiers du bois furent les solutions les plus heureuses mais, quelques cas douloureux eurent des fortunes diverses.
Il est dommage qu'un repreneur ne se soit pas présenté à temps. Remaniée, modernisée, l'entreprise aurait encore eu son mot à dire sur le marché. "Bréton" et "Chevillotte" alliés avec "Hiolle" auraient pu aisément rivaliser avec les Japonais qui, depuis, se sont imposés.
Hélas, une partie de notre patrimoine local et national a, ainsi, sombré lamentablement...

1 - Pile de carrelets dans le séchoir.
2 - Passage des carrelets sur la plaque de fonte chaude pour le redressage.
3 - Redressage d'un carrelet.

1 - Machine-outil destinée à donner au carrelet sa forme conique.
2 - Sortie d'une queue brute.
3 - Finition à la molette de l'enture de la tige.

1 - Découpage à la scie à ruban de l'enture à la poignée.
2 - Queue au collage.
3 - Effilage au rabot de la tige d'une queue à vis par M. René Bardin.

1 - Montage des queues à vis dites "démontables".
2 - Finition au grattoir d'une tige de queue à vis.

1 - Machine à poncer les queues par groupes de six.
2 - Finition à la meule de la virole en ivoire.

1 - Mise sous presse du "procédé" de cuir.
2 - Différents disques pour la "machine à quadriller" permettant différents motifs de décoration des queues.

1 - Machine à ouvrager les poignées de queues.
2 - Rebouchage des pores du bois.

1 - Vernissage au pinceau.
2 - Vernissage au tampon.

FIN...